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LE VOLET ETHIQUE

« Jusqu’à ce qu’il étende le cercle de sa compassion à toutes les créatures vivantes, l’homme lui-même ne trouvera pas la paix. » Albert Schweitzer

Des milliards d’animaux sont élevés et tués chaque année pour la consommation et le plaisir exclusif d’une espèce parmi des milliers d’autres : l’homme. Il est question de 60 milliards d’animaux terrestres tués chaque année sur la planète (certains documents indiquent 140 milliards), et de plus de 1.000 milliards d’animaux aquatiques capturés[1] (jusqu’à 2.700 milliards). Et ces chiffres pourraient doubler d’ici 2050…

Notre planète a-t-elle vocation à devenir une terre de souffrances ?

Les problèmes éthiques se multiplient. Nous ne pouvons plus ignorer le côté intolérable des élevages et des abattoirs industriels. Des associations militent pour cette prise de conscience, qui commence – enfin !, à s’enraciner au sein de l’opinion publique.

Il est évidemment inenvisageable de supprimer du jour au lendemain toute nourriture d’origine animale. En revanche, changer les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux, réduire fortement la part carnée de notre alimentation, tout cela est absolument possible et indispensable !

Comment peut-on durablement ne pas considérer le problème éthique extrêmement important du traitement actuel infligé par l’homme aux animaux ? Personne, aujourd’hui, ne peut nier la sensibilité des animaux.

Il suffit de regarder en face certaines vidéos ou de lire les livres dédiés à cette problématique – une façon d’assumer nos responsabilités, pour interroger durablement ou définitivement nos comportements alimentaires, qui ne sont que des habitudes ! Interrogeons-nous sur cette étonnante dissonance cognitive qui frappe nos esprits modernes lorsque nous réfléchissons à notre alimentation. Comment les enfants de nos enfants nous considéreront-ils lorsqu’ils penseront que nous poussions nos caddies sans aucune arrière-pensée, le long de rayons aseptisés et lumineux, emplis de chair animale découpée et empaquetée en barquettes plastiques ? Du cochon à l’agneau en passant par le cheval ou la dinde…

Qui prend réellement conscience que ce sont 1,1 milliard d’animaux terrestres qui sont tués chaque année en France pour notre consommation, auxquels s’ajoutent deux milliards de poissons & crustacés.

Sur la question des conditions d’élevage, 83% des poulets de chair sont élevés sans accès à l’extérieur, 95% de cochons le sont sur caillebotis (20% des porcs meurent avant le jour de l'abattage). Les poussins mâles sont détruits en broyeuse, les jeunes porcs sont castrés à vif, les poulets se voient couper le bec, les petits veaux sont séparés de leur mère, les lapins n’ont qu’une surface « vitale » équivalente à une feuille A4 pour vivre dans les batteries d’élevage[2]… Notre déni s'appuie sur la "confortable distance" mise entre les consommateurs et les industries de la chair ainsi que sur le non-dit (Astrid Guillaume).

Pour paraphraser Paul McCartney, si les abattoirs avaient des vitres, tout le monde arrêterait de consommer de la viande…

La productivité paraît sans limites : Les poules pondeuses pondent aujourd’hui près de 300 œufs par an contre 60 lorsqu’elles vivent à l’état sauvage. Les truies donnent naissance à 27 petits par an contre 16 en 1970[3].

Une commission parlementaire d’enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français en mars 2016 a réfléchi à la mise en place expérimentale d’une vidéosurveillance dans les abattoirs. Rappelons qu’il en existe 941 en France (dont 263 en 2015, hors volailles).

Enfin, l'éthique ne concerne pas que les animaux, mais

également la solidarité Nord-Sud entre les humains.

C'est précisément l' éthique environnementale, point de

convergence entre éthique et environnement :

L'élevage herbivore est émetteur de gaz à effet de serre.

Il contribue en France pour près de 10% au changement

climatique hors transport des animaux. Et nous savons

que les pays du Tiers-Monde (mais pas uniquement) sont

très sensibles aux effets de ce réchauffement (rivages

surpeuplés et menacés par la montée des eaux, et

sécheresse accrue). Un exemple : dans le sud du Bangladesh,

une hausse de 65 cm du niveau de la mer, en 2080, ferait

perdre 40% des terres agricoles.

De nombreux pays sont victimes de déforestation massive

pour dégager des surfaces de champs OGM afin d’alimenter

le bétail  des pays développés (ex : 90% de la production

mondiale de soja, dont une majorité est produite au Brésil,

sont destinés à l’alimentation animale, davantage de pesticides étant autorisés dans ce cas, et le maïs pour les

animaux est à 80% OGM). Chaque année, 200.000 personnes meurent d’intoxication aiguë avec les "produits phytosanitaires" (pesticides), dont 99% surviennent dans les pays en développement.

Plus de 60% de cette déforestation est due à aux cultures destinées à l'alimentation du bétail.

Voir l'excellent site interactif "globalforestwatch" : 

[1] Le nombre de navires de pêche a doublé en 40 ans : de 600.000 en 1970 à 1,3 million en 2010 (92 millions de tonnes par an et 154 millions avec l’aquaculture)… Globalement, 80 % des stocks de poissons pour lesquels des résultats d’évaluation sont disponibles sont déclarés pleinement exploités ou surexploités (source FAO) : la pêche moderne vide les océans !

[2] Plus de 340 millions de lapins sont élevés pour la production de viande chaque année dans l'Union européenne (France, Espagne, Italie), premier producteur au monde devant la Chine…

[3] IFIP, 2014

Douleurs animales rapport INRA 2009
Liste abattoirs pratiquant l'étourdissement avant la saignée

La douleur animale : une vraie question de société. Nos habitudes ne s'abritent-elles pas derrière des mots qui eux-mêmes masquent des réalités violentes ?

Savez-vous que l'abattage rituel (égorgement sans étourdissement) est très largement pratiqué en France, profitant d'une dérogation (article R. 214-70 du code rural       ), bien au-delà des demandes halal ou casher ? Pourquoi ? Par souci d'efficacité et de rentabilité (évitement d'une double chaîne d'abattage). En 2012, parmi les 231 abattoirs pratiquant l’abattage de ruminants, 104 ont obtenu une dérogation à l’obligation d’étourdissement par arrêté préfectoral, soit 45% des abattoirs...

Concernant la viande "halal", en 1985, l’OMS et la Ligue du monde musulman ont conclu un accord sur la mise en place d’un étourdissement par électronarcose avant l’abattage. La Grande Mosquée de Paris est sur la même ligne. Mais ceci ne semble pas appliqué.

Par ailleurs, la viande qui en est issue est loin d'être étiquetée ou annoncée comme telle (restaurant, grande distribution, etc.)... L'étiquetage "halal" n'est pas obligatoire, car la réglementation européenne s'y oppose afin d'éviter toute stigmatisation de la communauté musulmane.

En 2014, plusieurs pays européens (Suisse, Liechtenstein, Islande, Norvège, Suède, Pologne, Lettonie et Danemark) obligent l'étourdissement de l'animal avant son abattage. D’autres États (Autriche, Slovaquie, Estonie et Finlande) imposent l'étourdissement juste après l’acte de saignée.

D'autres pays, enfin, exigent que les consommateurs soient informés du mode d'abattage par un étiquetage spécifique (source Wikipedia 2017).

Ne serait-il pas temps, en France, de faire cesser ces pratiques justifiées par des croyances religieuses, en mettant un terme à toute dérogation relative à l'étourdissement lors de l'abattage, du moins de suivre a minima la voie d'un étourdissement quasi immédiat après la saignée ? Ce serait la moindre des sagesses...

Quelques réflexions philosophiques sur la question (cliquer sur les images) :

Carnisme pour une société enfin humaniste et écologique
Cahiers antispécistes
Droits des animaux philo

"Le véritable test moral de l'humanité, ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux".

Milan Kundera 

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